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"Les évadés du bocal"
18 janvier 2011

C’est avant tout une histoire de rencontres. De

 

 C’est avant tout une histoire de rencontres.


De rencontres et d’ouverture à l'autre. Tout part d’une conversation, suivie de la proposition d’Hossein Sadeghi, le propriétaire du Lieu-dit, à une personne qu’il rencontrait pour la première fois, de mettre à disposition son lieu pour un événement politique sur l’art et la folie. Cette proposition engendra d’autres rencontres : entre des soignants en formation (Utopsy), des soignants révoltés (le collectif des 39), des artistes (collectif Pounchd), un collectif libertaire et mutant (Zones d’attraction), de Nouveaux cahiers pour la folie, un Théâtre du reflet…

Ainsi est né le collectif des évadés du bocal.

 

Nous rêvons d’un festival qui parle d’art et de folie. Pourquoi associer ces deux champs ? Parce que nous constatons que nous sommes traversés par des discours et des pratiques que nous prenons pour des évidences et que l’art et la folie défont les              évidences.

 

Le langage, qui s’agence en différents discours (sur ce qu’est une vie réussie, sur la normalité, l’art, la psychiatrie…), trame la réalité avec une efficacité sans pareil. Pourtant les mots ne disent pas tout : qui n’a pas vécu la difficulté d’essayer de dire ce qu’il ressent ou de raconter un rêve, par exemple.

 

 Les discours constitués n’offrent jamais

 qu’une version codée et normée du réel.


C’est pourtant, peut-être, ce qui n’est pas pris en compte, ce qui ne peut être dit, qui nous lie et nous délie, fait la richesse de nos vies !

 

L’art fournit des représentations inattendues du monde qui offrent une autre réalité. La poésie lutte contre la croyance que le mot et la chose seraient fermement liés, en montrant que c’est du rapport des mots et d’entre les mots que naissent la nouveauté et la beauté. La folie, la grande différence, offrent une vision de l’être humain extraite des codes et des normes.

 

L’art et la folie sont une condition de la liberté de penser.

 

L’art n’est pas en marge, il produit de la marge, marge de manœuvre pour penser. La folie, la grande différence, ne sont pas une erreur de la nature, elles sont un irréductible qui permet de deviner le caractère aliénant de la norme et le potentiel poétique du hors-norme.

 

La période historique dans laquelle nous nous trouvons affectionne les catégories : « handicap » « arts vivants » « danse contemporaine » « art de rue » « bien-être » « santé mentale »… Le fantasme du tout-explicite prédomine, l’individu se doit d’être responsable et transparent, chaque comportement doit se justifier rationnellement. Les lois se succèdent pour augmenter les cloisonnements entre individus, la peur des uns envers les autres. Eux / Nous : cette rhétorique se développe un peu partout sous l'impulsion de processus de ségrégation qui désignent et bannissent ceux qui dérangent. Or nous savons très bien que nous ne sommes pas seuls  et que chacun de nous est plusieurs. Et oui ! Il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde ! 

 

Les slogans de nos manifestations sont toujours plus ou moins les mêmes, ritournelles dont l'invention semble barrée, comme si nous n'avions plus de mots pour dire notre indignation. Il nous faut réinventer des énoncés qui font sens, redécouvrir notre transversalité, notre part inexplorée, cette part d'ombre qui ne peut être fichée.

 

Nous créons ce festival pour construire, élaborer un vieux rêve enfoui au fond de nous. Le rêve d’un lien social sans frontières fixées, qui refuse l’exclusion. Nous voulons, avec ce festival, mener une réflexion, donner des outils pour traverser les discours normatifs dans lesquels nous sommes pris et penser l’accueil de l’autre, l’étrange, l’étranger, y compris celui qui est en chacun de nous.

Il s'agit de produire, d'inventer du commun, de l'instituant, des constellations de pratiques et de pensées. Oser une marche particulière qui nous conduise à percer les murs, décloisonner, et forcer les portes des institutions rendues malades par une pénurie organisée, par une rigidité hiérarchique acceptée. Nous voulons que les institutions puissent se soigner du manque de confiance qui s'est instauré entre les êtres au temps du tout-concurrentiel. Nous voulons, par le biais de cette chose qu'on appelle art, fabriquer des événements qui provoquent la convivialité, qui questionnent nos idéologies. Nous voulons inventer de nouvelles manières de parler et d’agir ensemble. Trouver des outils d’analyse institutionnelle et des modalités d’action collective pour faire jaillir les germes de l'autrement possible.

 

S’évader du bocal et voir ce qui se passe…

 

 

-Qu'est-ce donc qui rassemble des artistes,

des philosophes, des psychologues, des psychiatres....

des fous à temps partiel, des fous à temps complet....

Rien de très précis:

des idées, des jaillissements, des impulsions....

se prêtant à un lieu donné pour un temps donné.

 

 


 -Et avec cela, que veulent-ils?

  Inventer quoi?  A partir de quoi?

 Allons donc, ils délirent.

 

 

 

-Voilà, c'est cela: délire à plusieurs.

 Epinglage diagnostique en bonne et due forme.

 


 -Et qu'advient-il de plus, avec un délire?

 Rien, n'est-ce pas?

 

 

    -Rien, c'est cela.

 C'est à dire rien

 qui n'ait vraiment de nom...


 

 

 

-Ah! Ah! Moins qu'un nom alors?

 


 

 -Peut-être une lettre. Une petite lettre  surnuméraire -

 vous savez,  une lettre muette  

  qu'on aurait oublié de compter dans  l'alphabet....

 

 

 

 

Le collectif des évadés du bocal.

 

 

 

 

 


 

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